Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/244

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Des libertés à la licence,
Certes, plus d’un vint aboutir :
Plaignons cette aveugle puissance
Qui sait détruire et non bâtir.

Vaincus même ils restent utiles.
L’Art demandait à rajeunir :
Il est des défaites fertiles
Pour les moissons de l’avenir.

Jonchant l’arène littéraire,
Ils sont la pierre et le ciment
Dont quelque jour un heureux frère
Fera sortir son monument.

Hélas ! que de vaine fumée,
Que de tumulte et que de bruit,
Pour qu’une pure renommée
Se lève au sein de notre nuit !

Qu’il se lève, l’astre-poète
Que l’art pressent confusément !
D’une lumière enfin complète
Saluons tous l’avènement !

Mais avec la tourbe servile,
Nous, n’insultons point aux vaincus !
Admirons, adorons Virgile,
Mais parfois plaignons Ennius.