Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/284

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Les pleurs dont sa palme est mouillée,
Sont tombés du nuage errant ;
Jamais sa feuille n’est souillée
Par l’eau fangeuse du torrent.

Sur les pics, en pleine lumière,
Debout sur les gouffres béants,
Sa tige dans sa grâce altière
Croît au milieu d’arbres géants.

C’est le roi svelte des arbustes.
Couronné de grappes de fleurs,
Son front, du sein des bois robustes,
Monte et flotte au niveau des leurs.

Près de ces arbres centenaires
A le voir fleurir, on dirait
Un frère auprès de ses grands frères,
Le Benjamin de la forêt.
 
L’air est tranquille et sans nuages
Sur ses beaux rameaux éployés.
Loin sous lui roulent les orages ;
Leur voix ne passe qu’à ses pieds.

A ses pieds la brise légère,
Douce habitante du rocher,
Fait monter la senteur amère
De l’ambaville et du pêcher.