Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/307

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Il est sur les hauteurs, il est un charme austère ;
Notre âme et la nature y mêlent leurs accords.
Ce sympathique échange entre l’homme et la terre,
Sombre Océan ! mon cœur l’a connu sur tes bords.

Que de fois sur ces caps qui longent tes abîmes,
Ces caps d’où j’écoutais se lamenter les flots,
Buvant dans l’air des nuits tes tristesses sublimes,
Que de fois j’ai mêlé mes pleurs à tes sanglots !

Que de fois, le cœur plein d’indicibles malaises,
Par nos beaux soirs de lune et de calme enchanté,
Te contemplant du haut des tranquilles falaises,
J’ai retrouvé la paix dans ta sérénité !

Et plus-tard, quand la Muse et l’âge aux nobles rêves
Et l’Infini grondaient dans mon sein douloureux,
C’est toi qui m’enseignas aux rumeurs de tes grèves
L’amour des larges vers et des rythmes nombreux.

Et, depuis, j’ai monté la vie aux rudes cimes :
Plus d’un sol a rougi sous mes pieds déchirés,
Et dans l’homme, à mon tour, j’ai trouvé des abîmes
Plus amers que tes flots et plus désespérés !

Ah ! puisque tous les cieux recèlent des orages,
Puisque la terre, et l’homme, et l’espoir, tout nous ment,
Puisque la même angoisse et les mêmes naufrages
Nous attendent sur l’un ou sur l’autre élément ;