Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/311

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LA LUNE

Mais l’orient s’emplit d’une clarté nouvelle :
Âme aux ailes d’opale, âme aux grands yeux rêveurs,
Du sein moiré des flots, la lune lente et belle
Sort, inondant la nuit de divines blancheurs.

Sur la brune falaise où la vague déferle,
Sur les ombreux vallons, sur les caps veloutés,
Flotte en nappe d’argent sa lumière de perle :
Les eaux, les bois, les monts, ruissellent de clartés.

Elle monte, et des airs où son vol se balance,
Son long regard, planant sur un monde endormi,
Des profondes forêts blanchit le vert silence :
L’oiseau trompé s’éveille et gazouille à demi.

Dormez, heureux oiseaux ! le jour est loin encore ;
Attendez pour chanter que l’aube soit au ciel.
Vos ramages joyeux, gardez-les pour l’aurore ;
Ne troublez point des nuits le calme solennel.

Quelle voix cependant s’élève des collines ?
Est-ce un soupir de l’homme ? est-ce un soupir des flots ?
Il semble qu’en passant la brise des ravines
Avec l’odeur des bois m’apporte des sanglots.