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LXXXV
LE CAP BERNARD
À ***
Jetons des fleurs sur nos amitiés mortes.
Si nos barques jamais, par la vague entraînées,
Devaient sur d’autres mers ensemble dériver ;
Dans cette île lointaine où nos âmes sont nées,
Si nous devions jamais, ami, nous retrouver ;
Emportons, emportons nos dieux et notre culte !
Ne changeons point d’amour en changeant d’horizon.
N’imitons point ceux-là dont la vieillesse insulte
Le rêve qu’adora leur première saison.
N’oublions point nos dieux sur les plages natales,
Sur les autels de l’Art veillons jusqu’au tombeau !
Comme ce feu sacré que gardaient les Vestales,
Gardons vivant en nous l’amour sacré du beau.