Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/334

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Amants de l’Idéal, à l’Idéal fidèles,
L’un sur l’autre appuyés, montons notre chemin !
Vers le mont trois fois saint des Muses immortelles
Gravissons côte à côte et la main dans la main.

N’écoutons point ce monde aux intérêts sordides :
En nous sont des ardeurs qui ne sont point en lui.
L’Art seul est vrai ! l’Art seul et ses songes splendides
Peuvent de notre cœur tromper l’ardent ennui !

Puisque le sort qui tient nos ailes enchaînées
Nous refusa ces biens qui font la liberté,
Au travail demandant le pain de nos journées,
Luttons, résignés fiers, contre l’adversité.

Luttons ! mais, quand viendra la nuit aux molles trêves,
La nuit libératrice et douce aux bras lassés,
Affranchis d’un long jour, vers le ciel de nos rêves,
Heureux amis, tournons le vol de nos pensers.

Quittons l’homme et la ville aux passions mauvaises,
Allons baigner nos fronts dans l’air calmant du soir ;
Comme l’oiseau pêcheur, hôte ailé des falaises,
Montons sur quelque cap ensemble nous asseoir.