Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/68

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Mais l’apôtre fervent d’un plus juste avenir,
Mais les vœux, mais la foi, mais la persévérance
D’un mâle esprit armé d’une mâle espérance,
Qui du bien, devant tous, arborant le drapeau,
Fidèle, a combattu le Mal jusqu’au tombeau !



Mais ferme-toi, bouche à la voix sévère,
Apaise-toi, barde au cœur indigné.
Près du cercueil que ta muse révère,
Calme et debout, montre-toi résigné.
Contre l’oubli son nom doit le défendre :
Plus que le fort le juste est éternel !
D’un vers ardent ne troublons point sa cendre :
La lyre ici ne doit rien faire entendre,
Rien qu’un chant calme et triste et grave et solennel.

Il bénissait ; — tu ne dois point maudire.
Il rapprochait ; — tu dois concilier.
A l’injustice il est beau de sourire !
Sur une tombe il est beau d’oublier !
Hélas ! celui qui vers les pics sublimes,
Aigle superbe, a lancé son essor,
Ne doit s’attendre à trouver sur leurs cimes
Que brume, glace, éclairs, gouffres, abîmes,
La haine ici, — partout les orages du sort !