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XVII

À UN DÉTENU POLITIQUE


 
Souvent, pour alléger ta lourde et morne veille,
Sous tes doigts inspirés la lyre qui s’éveille,
         Mêle d’ineffables accords
Aux mille accords errants qu’exhale la nature,
Aux soupirs de la nuit, au triste et long murmure
         De l’onde expirant sur ses bords.

Car Celui qui dispense une eau féconde et pure
A l’humble fleur des champs qui germa sans culture,
         Comme au lys qu’arrosent nos mains,
Éclaira ton esprit à sa flamme secrète,
Et sur ta lèvre a mis les accents du poète
         Pour consoler tes lendemains.

Quand l’astre de la nuit, entr’ouvrant sa paupière,
Verse d’un jour plus doux la rêveuse lumière
         Sur le sein endormi des eaux,