Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/84

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Alcyon sur les flots d’une amère existence,
Tu gémis, et ta voix, qu’écoute le silence,
         A ses soupirs endort tes maux.

Si le vent de la mer qui balance la feuille,
Si le souffle indolent de la brise qui cueille
         Des baisers sur le sein des fleurs,
D’un murmure apaisant vient bercer ton oreille,
Oui ! demande à ton luth que d’une voix pareille
         Il chante pour sécher tes pleurs.

O toi qu’un sort fatal abreuva d’amertume,
Tu fais bien, trompe ainsi l’ennui qui te consume.
         La Muse a pour le malheureux
Des paroles de paix, des secrets pleins de charmes ;
Elle pleure, s’il pleure, et pour verser des larmes
         Combien il est doux d’être deux !

Chante pour oublier ton affligeante histoire,
Pour que le souvenir qui pèse à ta mémoire
         En soit à jamais effacé ;
Comme ces monts altiers, ces géants de notre île,
Qui montrent dans l’azur un front mâle et tranquille,
         Alors que l’orage a passé.

Fuis le navrant aspect des misères mortelles,
Ami, prends ton essor de ces plages cruelles
         Où gémit l’esclave opprimé,