Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


« Honte à vous dont l’orgueil est fertile en misères,
Vous dont le lucre a fait un bétail de vos frères !
D’un spectacle pareil le ciel est révolté !
Plus de droit, de pitié, plus d’élan magnanime ;
Partout la main du Juif, partout la main du crime,
         Crucifiant l’humanité !

« Honte à vous qui versez sur les humbles paupières
L’Érèbe au lieu du jour, l’ombre au lieu des lumières,
Qui redoutez l’éclat libérateur des cieux !
A vous qui, vous drapant de vos manteaux funèbres,
Venez comme la nuit dérouler vos ténèbres,
         Entre les astres et nos yeux !

« Et vous, êtres déchus, pitoyables esclaves,
Vous qui baisez les mains qui vous chargent d’entraves,
Honte à vous ! — Dieu qui fit pour les oiseaux les airs,
Le soleil radieux pour éclairer le monde,
Et le vent pour qu’il vole et le flot pour qu’il gronde,
         Vous fit-il pour porter des fers ! »



Ah ! que ne suis-je né dans cette Grèce antique
Où la vie était libre et la tombe stoïque ;
Où la patrie, armant ses sacrés défenseurs,