Page:Lacaussade - Poésies, t2, 1897.djvu/91

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Inondant de clarté la splendide créole,
De son front couronné d’une verte auréole
         A banni brumes et frimas.

C’est une île au sol riche, au ciel tiède, où la femme
A des yeux de gazelle et des baisers de flamme ;
Où l’homme au parler franc a l’instinct généreux,
Où la vague en mourant argente au loin les grèves,
Où la terre a des fleurs, où la vierge a des rêves
         Bleus comme son ciel et ses yeux.

Là comme ailleurs, hélas ! pèse la servitude ;
Mais nos yeux, sur les monts trouvant la solitude,
Fuiront dans l’avenir un présent douloureux ;
Et les nuages blancs qui montent du rivage
Déplieront, sous nos pieds, nous voilant l’esclavage,
         Leur dais errant et vaporeux.

Nous verrons la cascade à la bouche écumante
Épandre dans les airs une eau vierge et fumante ;
Sous les hauts bancouliers nous irons nous asseoir ;
Ils verseront en nous la paix de leurs feuillages,
Où les oiseaux des bois et des grands caps sauvages
Dorment bercés des vents du soir.

Sur les flancs du Salaze élevons nos chaumières.
La nature pour nous de ses plus frais mystères
Peuplera les ravins, les torrents et les bois ;