Aller au contenu

Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ractère qu’on prêtait à leur ancienne intimité, Lacenaire fut peu charmé de rencontrer son ex-camarade.

Il fut cependant obligé de le traiter sur ce pied et de lier conversation avec lui. Une proposition de vol sortit immédiatement de la bouche du nouveau venu. Il s’agissait de dévaliser un riche négociant qui demeurait dans la même maison que lui et qui s’absentait souvent.

À l’époque où Lacenaire rencontra Bâton, il faisait partie d’une flotte de flibustiers parisiens dont les plus distingués s’appelaient : Alfred Larnache, Pinel, Mimi Preuil, Leborgne, Desbordes, Salorne, dit Pistolet, Travacoli, — celui-là était italien, — Pisse-Vinaigre, Goujon, Répin, Alfred Cancan.

Ces forbans fréquentaient assidûment un débit de liqueurs, tenu rue Jeannisson, par une belle fille nommée Olympe, dont toute la préoccupation consistait à observer une neutralité parfaite entre eux et la police. Elle avait aussi entre autres qualités nécessaires à l’exploitation d’une telle clientèle une discrétion à toute épreuve envers tout le monde, une surdité volontaire, d’autant plus épaisse, par conséquent, lorsque l’ivresse rendait ses habitués plus expansifs que la prudence ne l’exigeait, et une répugnance parfaite à s’occuper de leurs faits et gestes. — En ceci, elle ne manquait pas de prudence, car il y a des secrets qui portent malheur à ceux qui les pénètrent.

Les membres de cette haute-pègre travaillaient par bandes séparées, et utilisaient dans différentes branches d’industrie les diverses aptitudes dont ils étaient doués.