Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/116

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Ils formaient diverses catégories et se divisaient en venterniers[1], bonjouriers[2], cambrioleurs[3], changeurs[4], caroubleurs[5], carreurs[6], tireurs[7] et chourineurs[8].

Chacune de ces spécialités avait ses membres. Travacoli, l’Italien, était un des plus remarquables changeurs qu’on eût vus. La conformation de sa main, un exercice de tous les instants et une pratique journalière, lui permettaient, en échangeant de l’or contre de l’argent, — ce qui était accepté avec grand plaisir à cette époque, — de retenir deux, trois, quatre et quelquefois cinq louis dans ses phalanges, et il n’y avait de jour qu’il ne volât pareille somme au détriment des changeurs.

Mimi Preuil et Leborgne étaient de si adroits tireurs, qu’un jour ayant eu ensemble une discussion sur leur adresse respective, ils parièrent à qui ferait le plus de montres et de bijoux à la prochaine fête publique. On attendit celle de Louis-Philippe, dont l’échéance était la plus rapprochée, et le jour dit, chacun des candidat se mit en campagne. Après le feu d’artifice, les deux tireurs

  1. Voleurs par la fenêtre. —
  2. Voleurs qui entrent dans les maisons comme s’ils allaient souhaiter le bonjour à quelque connaissance ; s’ils sont surpris, ils s’excusent en disant qu’ils se sont trompés de porte. —
  3. Voleurs exploitant principalement les chambres d’hôtels garnis. —
  4. Voleurs qui s’attachent spécialement à échanger de l’or ou des billets contre de l’argent, et réciproquement. —
  5. Voleurs avec fausses-clefs. —
  6. Voleurs qui, à l’aide de jeunes enfants, dévalisent les bijoutiers en faisant limer les carreaux de leurs devantures. —
  7. Voleurs qui tirent de la poche, du gousset, du doigt ou de la poitrine d’autrui les bijoux et autres valeurs qui s’y trouvent. —
  8. Voleurs qui versent le sang.