Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/118

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heures du soir à deux heures du matin et successivement neuf montres ou autres bijoux, en exigeant immédiatement le paiement de chaque pièce. Voici pourquoi : Mimi était un joueur endiablé et résidait presque au Cent treize. Un soir il se trouva en proie à une de ces déveines qui engloutiraient un empire, et chaque fois que le râteau du croupier mettait sa dernière mise dans le panier, il descendait quatre à quatre l’escalier du tripot, se mêlait un moment à la foule qui remplissait la galerie d’Orléans et tirait n’importe quoi des poches et des goussets des promeneurs. De là, il courait chez l’Homme-Buté, vendait l’objet volé, remontait jouer, perdait et recommençait le même manège.

Le sieur Alfred Cancan,toujours mis comme un dandy, et que beaucoup d’habitués des boulevards se souviendront d’avoir vu, était un cambrioleur remarquable.

Lacenaire assassinait, on ne le sait que trop, ainsi qu’un nommé Repin, petit homme qui pratiquait le meurtre par instinct et qui n’aurait pas reculé devant l’assassinat de cent hommes. Comme une bête sauvage, il se battait sans cesse, et avait pour habitude de déchirer à coups de dents les oreilles de ses adversaires ou de leur manger le nez. Lors des fréquentes émeutes qui troublèrent le commencement du règne de Louis-Philippe, il se glissait dans la foule avec les autres bandits, mais tandis que ceux-ci ne cherchaient qu’à voler simplement, Repin jouait du couteau contre ceux qu’il voulait dévaliser. C’était un Parisien de la rue Saint-Honoré. Il était devenu la terreur des marchands de vin et des liquoris-