Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/122

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consistait en ceci : fabriquer de fausses lettres de change tirées sur un individu quelconque demeurant à Paris, mettre ces effets en recouvrement dans une forte maison de banque, louer ensuite un logis au nom de la personne débitrice de l’effet, et attendre que le garçon de caisse du banquier vînt en recouvrer la valeur, afin de lui en lever par le meurtre le montant des recettes de la journée.

Bâton accepta avec empressement un rôle dans ces hasardeuses spéculations, et, comme l’argent manquait, le chef de l’entreprise se mit à faire les faux, en y mêlant le nom de son complice pour le compromettre, et, par là, le tenir.

Il loua un appartement rue de la Chanvrerie sous le nom de Bonnain, — il est superflu de dire qu’il changeait très souvent d’état civil, — le garnit de quelques méchants meubles, tendit ses pièges, et, comme l’araignée dans sa toile, attendit sa victime.

Diverses tentatives manquèrent par la faute de Bâton, qui, toujours au moment d’agir, jouait la sensibilité, et donnait pour excuse à ses défaillances la crainte qu’il avait de faire peine « à sa vieille mère. » Sa mère ! pauvre vieille femme qu’il laissait coucher sans draps, afin de les mettre au Mont-de-Piété et de s’amuser au cabaret avec le produit du prêt !

Le chef de ces complots enrageait contre son hypocrite auxiliaire, et attendait impatiemment la libération d’Avril, dont il maintenait l’ardeur en allant le voir et en lui apportant quelque argent. Mais il ne cessait pas pour