Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/135

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oreillers. Mais Javotte ne le lâcha point et se mit à chercher des yeux le tire-point tombé pour s’en emparer et frapper Lacenaire. Il n’était pas doué d’une grande vigueur physique, et ses forces l’abandonnaient, tandis que celles de Javotte augmentaient. Les voisins, attirés enfin par le piétinement de cette lutte et par les cris des combattants, pénétrèrent dans la chambre.

— C’est ma femme, dit Lacenaire, cela ne regarde personne !

Et profitant de l’essoufflement de Javotte qui ne pouvait parler, de l’indécision des assistants ébranlés par cette mauvaise raison, il descendit quatre à quatre l’escalier et disparut comme l’éclair sous la voûte de la porte Saint-Martin.

Javotte, qui était déjà très mal avec la Préfecture et savait que son amant avait une foule de peccadilles sur la conscience, ne jugea pas à propos d’instruire la justice de cette scène tragique. Elle garda un silence prudent sur le tout, en attendant le moment de se venger sans bruit.

Pourtant, par le plus bizarre des contrastes, voici la scène qui se passait aux environs du Palais-Royal quelques mois avant la tentative faite sur Javotte et la visite à main armée chez M. Scribe.

Le locataire d’une chambre située rue de la Bibliothèque prenait le frais à sa fenêtre, lorsque des miaulements désespérés lui firent lever la tête. Un chat, lancé du faîte de la maison dans la rue, cherchait à se cramponner à l’une des gouttières ; mais le poids de son