Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/134

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— C’est ce qui empêche de parler, répondit Lacenaire, et il lança en pleine poitrine à la malheureuse fille un coup de l’instrument meurtrier.

La recéleuse portait sur elle une montre à laquelle était pendue une chaîne garnie de breloques. Un petit coco en forme de baril se trouvait mêlé à ces ornements, et le poignard l’ayant rencontré s’était heureusement amorti sur le biblot, pour parler le langage d’aujourd’hui.

— Ah ! misérable ! ah ! scélérat ! dit Javotte en se précipitant à la gorge de Lacenaire et en le tenant en respect… Ah ! tu veux me buter aussi, escarpe ! eh bien, je vais te faire pincer, moi, attends !… à l’assassin !… à l’assassin !… Elle se mit à crier de toutes les forces de ses poumons.

Lacenaire, toujours armé, voulait se détacher de l’étreinte de son antagoniste et l’empêcher en même temps d’appeler main-forte. Il rejeta violemment sa tête en arrière et saisit à son tour la femme par le cou pour étouffer ses cris ou l’étrangler, mais il avait affaire à une gaillarde robuste.

Prête à perdre le souffle, la vaillante fille, les cheveux en désordre et les yeux injectés de sang, se colla à son meurtrier afin de lui ôter la liberté de ses mouvements, et le poussa vivement vers le lit placé au fond de la chambre. Acculé au bois de la couche, Lacenaire, sentant qu’il perdait l’équilibre, laissa tomber son arme, puis, s’emparant d’un flambeau en cuivre qui se trouvait à sa portée, il en asséna un si terrible coup à la tête de la recéleuse, que le sang ruissela sur les draps et les