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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/158

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propre à l’usage qu’ils voulaient en faire, et ils tombèrent tout de suite d’accord sur le prix, avec un monsieur Bussot, principal locataire de la maison ; car il n’y avait point de portier.

— L’appartement me convient, lui dit Lacenaire, et je l’arrête dès ce moment.

— C’est bien, monsieur, mais veuillez me faire connaître votre nom et votre adresse, s’il vous plaît, afin que j’envoie aux informations, comme c’est l’usage.

— Ce n’est pas la peine. Je ne fais que d’arriver à Paris, où je viens pour me faire recevoir avocat. Je suis étudiant en droit, et je m’appelle Mahossier. Du reste, je vous paie un terme d’avance, ajouta Lacenaire en déposant une certaine somme dans la main de son interlocuteur, et cela répond à tout.

Trois jours après, la première pièce de l’appartement était garnie de quelques méchants meubles ; l’ameublement de la deuxième consistait en un de ces immenses paniers nommés manne, dont on se sert pour emballer des objets de grand volume. Sur cette manne était placée une planche simulant une table, et au-dessus une plume, du papier, un écritoire et un sac arrondi avec de la paille pour remplacer des espèces ; une grande quantité de cette même paille était éparpillée dans un des coins de la chambre.

On a su plus tard, par une des conversations de Lacenaire à la Conciergerie, que le grand panier devait servir à recevoir provisoirement le cadavre de la victime, afin de le faire disparaître sans laisser aucune trace. Cette causerie est même assez caractéristique, ainsi qu’on le verra.