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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/170

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sous le nom de Jacob Lévi, inscrit sur son passeport et sous lequel il voyageait. Ce passeport, il l’avait laissé précipitamment à Dijon, dans un sac de voyage, au moment de partir pour Paris. — Imprudence fatale pour lui, mais circonstance heureuse pour la vindicte publique ! — Et il ne put jamais le retrouver ensuite.

S’était-elle égarée réellement, cette pièce, ou plus tard l’avait-on fait disparaître pour avoir un motif d’éclairer ce que la conduite du voyageur avait d’hétéroclite ? On ne l’a jamais su. Quoi qu’il en soit, on ne la lui avait jamais demandée de Paris à Besançon, et réciproquement, bien qu’il fut déjà signalé de Paris sur toutes les routes et à toutes les gendarmeries du royaume. François avait donné son signalement exact. Avril avait affirmé que, s’il n’était pas à Paris, il devait être allé en Franche-Comté.

Comprend-on cela ? s’explique-t-on cet aveuglement stupide de François et plus tard Avril, qui ne s’apercevaient pas qu’en dénonçant leur complice, qu’en le faisant prendre, ils s’ouvraient infailliblement la route des galères et de l’échafaud ! — Mais le sang leur montait à la tête et les étourdissait.

Cependant toutes les précautions et tous les signalements de la police n’empêchaient pas Lacenaire de circuler librement. Il arriva sans encombre à Dijon. Là, il apprit que madame Drevon avait été avertie de son escroquerie par MM. Delamarre-Martin Didier. Il se rendit alors précipitamment à Beaune et présenta à un autre banquier, nommé Prasson, le véritable et premier effet sur lequel il avait placé son endos au nom de Jacob Lévi.