Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/208

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Me Brochant, une conversation qu’interrompit souvent son sourire. Il paraissait entièrement étranger au débat qui se préparait, et son assurance contrastait de la manière la plus frappante avec l’attitude morne et silencieuse des deux complices que ses révélations avaient amenés à la Cour d’assises avec lui.

Lacenaire portait à la Cour d’assises un habit bleu fort propre, à collet de velours, et un pantalon noir. Il tenait de temps en temps à la main un mouchoir de fine batiste, ce qui était à cette époque une nouveauté luxueuse ; car, généralement, les hommes se servaient de foulards en soie.

Les soins que nécessitait sa défense, l’inquiétude qui aurait dû le travailler, ne l’avaient pas distrait de sa manie littéraire, et il avait remis à son défenseur, qui la faisait circuler parmi ses confrères, une pièce rimée dans laquelle il revendiquait la propriété de la fameuse chanson intitulée : Pétition d’un Voleur à un Roi son voisin.

Avril paraissait très préoccupé ; François avait le visage contracté et le maintien tranquille.

Tous deux, décemment vêtus, conservaient les allures de l’ouvrier parisien sous leurs redingotes neuves, et avaient le regard abbattu. Certes, il y avait bien de quoi, car jamais mélodramaturge au service du boulevard du Temple n’avait mieux tissé un drame que le hasard ne l’avait fait dans celui où ces deux hommes jouaient leurs têtes.

Afin qu’on saisisse d’un seul coup d’œil le côté dramatique de ces longs débats, nous allons, au risque de