Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/21

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et alla chercher ailleurs que dans la robe de sa mère un refuge à ses petits chagrins d’enfant.

Il lisait tous les livres qui se trouvaient à sa portée et fréquentait assidûment, sans y ètre contraint, la maison du maître d’école du village.

Après avoir passé son enfance tout entière à Francheville, il fut emmené à Lyon par son père, qui, pour mettre sa fortune en rapport avec l’accroissement de sa famille, était revenu s’y établir et entreprendre le commerce des soieries, branche d’industrie toute nouvelle pour lui. L’enfant fut d’abord placé, avec son frère comme externe dans une institution dont les élèves suivaient les cours du lycée de Lyon, mais bientôt on l’en retira pour l’envoyer au collège de Saint-Chamond, à douze lieues de la ville. Le petit Lacenaire partit avec joie de la maison paternelle, où il ne trouvait qu’indifférence et rigueurs. Il fit de rapides progrès et remporta quatre prix à la fin de l’année. Mais ces succès ne causèrent pas à l’élève autant de joie qu’on serait disposé à le croire, car le jour de la distribution des prix, aucun de ses parents ne fut présent à son triomphe.

Suivant l’usage, le jeune lauréat alla passer les vacances dans sa famille, précédé de renseignements favorables sur sa conduite et de preuves évidentes de son application au travail. M. Lacenaire le reçut très bien, quoiqu’en moralisant toujours, ainsi qu’un père de comédie. Sa mère semblait s’être dépouillée de ses préventions contre lui ; elle l’embrassa en versant des larmes, le pressa sur son sein et le couvrit de mille baisers.