Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/228

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Avril. — L’animosité est bien assez grande comme cela.

M. le Président. — Il n’est pas présumable que vous ayez conservé assez sur vos économies pour payer la moitié du mobilier acheté par Lacenaire. Combien a coûté ce mobilier ?

Lacenaire. — Une centaine d’écus en tout.

M. le Président. — Vous a-t-il remis la moitié de la somme ?

Lacenaire. — Ce n’est pas vrai ; c’était pris sur l’argent volé chez les personnes assassinées.

Avril. — C’est faux !

Un juré. — Avril avait deux cent quarante francs, il a dépensé, dit-il, cent et quelques francs pour sa part du mobilier ; qu’a-t-il fait du reste ?

Avril. — J’ai fait la noce. Après cinq ans de privations et de travail, je pouvais bien m’amuser avec de l’argent si péniblement gagné.

M. le Président. — Étant à Poissy, vous vous étiez déjà entendu avec Lacenaire pour commettre des crimes de cette nature ?

R. Lacenaire était un homme d’esprit et de beaucoup d’éducation ; il me dit qu’il était en état de faire des escroqueries dans le meilleur genre. Je ne demandais pas mieux. Voilà pourquoi je l’ai fréquenté ; mais, quand il m’a parlé d’autre chose, de projet d’assassinat, je n’ai pas voulu rester avec lui. D’après tout ce qu’il me disait, je commençais à penser mal de lui.

D. N’avait-il pas été question antérieurement, entre vous et Lacenaire, d’employer le même moyen dont on