Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/250

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« Je ne cessai pas de voir Lacenaire, il me donnait des indications fort utiles. — « Je veux vous dire toute la vérité, me dit-il un jour. Nous devions, dans une chambre de la rue de Sartines, Avril et moi, assassiner un garçon de recette de M. de Rothschild. » Le même, je fis venir Avril et lui fis part des révélations de Lacenaire. — « Vous connaissez son caractère, lui dis-je : j’ai pu l’apprécier, il n’est pas menteur, il m’a toujours dit la vérité. Que dites-vous de sa révélation touchant la rue de Sartines ? — Il y a du vrai là-dedans, répondit Avril, excepté qu’il ne s’agissait pas d’assassinat. Je savais que Lacunaire devait commettre une escroquerie. Les escroqueries, ça me va, moi, c’est mon fait. — Oh ! repris-je, vous allez bien jusqu’au vol avec violences ? — Le vol avec violences, répondit-il, ça me va encore, mais non l’assassinat ! — Qu’avez-vous donc vu, rue de Sartines ? — J’ai vu Lacenaire qui aiguisait dans la seconde pièce un tire-point. Je lui demandai ce qu’il faisait là, et il me dit : J’affûte. » (Mouvement.)

« Je répétai ce propos à Lacenaire, qui me dit : « Avril ment. Nous avons acheté ensemble, dans une petite rue près du pont Notre-Dame, deux tire-points bruts, et nous les avons préparés dans la chambre rue de la de Sartines. »

« Enfin, il me fit, à la Conciergerie, des révélations sur le double assassinat du passage du Cheval-Rouge. C’était un nommé Germain qui leur avait indiqué Chardon comme ayant de l’argent. Ce Germain était un indicateur pour vols et non pour des assassinats. Tous les faits relatifs à ce crime sont connus, excepté le suivant : —