Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XXXVII.

Type de prison. ― Vie privée des voleurs. ― Brutus et la mort de César à Poissy.


À mesure qu’on approche du dénoûment de cet étrange procès, l’intérêt dans les dépositions et la vivacité dans la lutte entre les accusés, augmente d’intensité. On voit défiler devant la Cour des types assez curieux recrutés parmi les habitués des prisons ; des saltimbanques, des receleurs, des ruffiants et des filous de différents caractères. C’est d’abord Brabant, un petit voleur cynique, puis Fréchard, dit Brutus, voleur lettré et délicat, amoureux des tragédies de Voltaire, et dont les expressions, pleines d’enflure et de solennité, rappellent celles qu’affectionne l’école de M. Prudhomme. Du reste, le langage prétentieux de Fréchard ne fait que mettre mieux en relief ses instincs vicieux, et son témoignage est précieux en ce sens, qu’il montre dans l’intimité de ses allures, dans sa vie privée enfin, cette classe interlope de gens qui vivent en chasseurs au milieu de la société, et que la police traque à son tour.

Reprenons le témoignage de M. Allard, au moment où Avril soutient que ce fonctionnaire l’avait laissé à Paris en toute liberté.