Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mots, il tire de sa poche dix-huit à vingt fausses clés en disant : « Je n’ai pas réussi aujourd’hui, demain je réussirai. » Quand nous eûmes bu et mangé, nous allâmes à mon domicile, chez ma mère, rue Roquépine, prendre encore une légère goutte d’eau-de-vie, Avril me promit de revenir me voir.

Trois jours après, Avril revint chez moi, et m’offrit de prendre un verre de vin, dans un cabaret, au coin de la rue de la Ville-l’Êvèque. Là, il me fit confidence qu’il avait une jolie affaire, et que c’était un assassinat. Il me dit : Tu connais parfaitement la tante Chardon, que nous avons vue à Poissy, c’est la personne qu’il faut descendre… (Mouvement.)

M. le Président. — Vous savez ce qu’il entendait par la tante Chardon, ce n’était pas la veuve Chardon ?

Fréchard. — Non, monsieur le président. C’est Chardon fils, connu sous le sobriquet de la tante. Avril me dit : « C’est une affaire de huit à dix mille francs. En nous mettant trois, nous aurons trois mille francs chacun. Gaillard (Lacenaire) est instruit de ce que je t’avance, et nous partagerons. Tu peux compter sur trois mille francs, et s’il n’y a pas assez, je te complèterai la somme sur ma part. »

Figurez-vous l’effet que produisit sur ma maîtresse un projet et une proposition semblables ! Ses cheveux se hérissèrent sur sa tête ; il ne s’en aperçut pas, et continua en disant : « Tu es fort, et Chardon est non-seulement épuisé, mais naturellement bien plus faible que toi ; je pense que tu ne refuseras pas l’affaire. »

Je répondis : « Il est de toute impossibilité que nous