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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/262

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fassions une affaire semblable ; d’abord, je ne trempe jamais mes mains dans le sang humain, et ensuite, je ne pense pas que Chardon soit capable de posséder une somme aussi conséquente. » Il me dit : « Chardon s’affuble habituellement d’un vêtement ecclésiastique ; il se présente chez des personnes riches et charitables, et reçoit des aumônes de toutes sortes, de l’argenterie, des choses précieuses. » Avril me proposa d’aller le voir, je n’y allai pas. Il revint lui-même me voir le dimanche d’ensuite ; j’étais malade, j’avais un rhumatisme, mais l’appétit allait toujours. Ma maîtresse avait apporté pour déjeuner un morceau de bœuf rôti. Avril entra : Lacenaire est en bas, me dit-il. — Mais tu sais bien que je ne veux pas voir Lacenaire, répondis-je. — Pourquoi cela. — J’ai mes raisons pour cela. — Au même instant, Lacenaire entra de lui-même dans la chambre et se mit à déjeuner avec nous. Après la réfection, Avril me demanda si je voulais faire l’affaire de la tante, je lui répondis affirmativement que non, et je ne le revis plus. Ce dimanche-là où nous avons déjeuné ensemble était celui qui précédait le 11, jour où j’ai moi-même été arrêté.

Avril conteste avec énergie les principales circonstances de cette déposition. — J’ai été déjeuner avec Lacenaire chez Fréchard, dit-il, c’est vrai ; mais Fréchard parle de beaucoup de rapports qui ont existé entre moi et lui. Depuis ma sortie de Poissy, jusqu’au 11, jour où il a été arrêté, il n’y a que seize jours ; je l’aurais donc rencontré le jour même de mon arrivée à Paris.

M. le Président, à Lacenaire. — Êtiez-vous présent