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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/265

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M. le Président. — Oui.

Lacenaire. — Fréchard vient de dire qu’Avril n’avait pas d’argent à sa sortie de Poissy ! Avril a dit hier cependant qu’il m’avait donné cent francs pour acheter des meubles rue Montorgueil. (Mouvement. Lacenaire regarde Avril et sourit.)

Avril. — J’avais de l’argent, à preuve que j’ai payé une oie au Salon de Flore, à la Courtille. — Cela m’a bien coûté quinze francs.

Fréchard. — C’est vrai, il était en fonds ce jour-là : mais c’est la seule fois où je lui ai vu des écus.

Fréchard retourne au banc des témoins, où il est placé entre deux gendarmes.

Flore Bastin, âgée de trente ans, couturière, — c’est la maîtresse de Fréchard, — dépose qu’elle a entendu Avril proposer à Fréchard de buter, c’est-à-dire de tuer quelqu’un qu’il désignait sous le nom de la tante, en disantqu’il y aurait deux ou trois mille francs à gagner. Fréchard a positivement refusé. M. Avril m’a menacée de me battre si je persistais dans ma déposition ; il m’a même fait des menaces jusque chez M. le juge d’instruction.

Avril. — Cela est-il probable ! Regardez dans l’instruction si jamais j’ai menacé madame.

M. le Président. — Les menaces ont pu être faites, non dans le cabinet du juge, mais dans la pièce à côté.

Avril. — Mais si je l’avais battue ou même menacée seulement, elle aurait crié et j’aurais été arrêté du coup ; mais madame a un intérêt aussi en me chargeant. Elle a