Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/278

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Du reste, on peut voir encore à mon front la cicatrice d’une blessure.

François. — Je n’ai pas ameuté les prisonniers contre M. Lacenaire, c’est lui, au contraire, qui m’avait écrit une lettre d’horreurs. Lacenaire nous narguait. Il disait en revenant de l’instruction : « J’ai des pièces de cent sous. » Au reste, les affaires de M. Lacenaire ne me regardent pas.

Le sieur Benoît, garçon de recette de M. Pillet-Will, a été, rue de la Chanvrerie, pour toucher un faux billet souscrit Bluet on Boulet. Le portier ne connaissant pas ce nom, il s’est retiré.

Un Juré. — Combien aviez-vous d’argent ?

Le sieur Benoît. — Quatre-vingt-onze mille francs. (Mouvement dans l’auditoire.)

Lacenaire, tranquillement. — Monsieur a mal lu ; le billet était signé Bonin. (Nouveau mouvement.)

Lerot Andréol, alors détenu à Poissy.

D. Votre profession ?

R. Saltimbanque… (On rit.)

D. Dîtes ce que vous savez.

R. Un jour, j’étais assis sur un banc de la maison centrale de Poissy. François vint s’asseoir auprès de moi ; je lui dis : « Votre figure ne m’est pas inconnue, j’ai eu l’honneur de vous voir quelque part, est-ce à la Force ou à Bicêtre ?… » François me répondit : « C’est à Port-Royal, ou à Saint-Pierre de la Martinique ; nous avons servi ensemble sur le Jean-Bart, vaisseau qui faisait partie du convoi de l’amiral Jacob. » — « Nous nous rencontrons, lui dis-je, sous de bien fâcheux auspices… »