Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/287

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Aujourd’hui commence à se dérouler devant vous la série de ces tragiques forfaits, et dès à présent, si nous ne nous trompons, vous avez le mot de la terrible énigme. Oui, messieurs, il existe des hommes pour lesquels l’assassinat n’est pas une dernière extrémité où le plus pervers n’arrive qu’en tremblant, mais une affaire, une affaire comme une autre, que l’on propose, que l’on examine, dont on discute les moyens, et que, le jour venu, on raconte en pleine audience avec un complet sang-froid, des hommes pour lesquels l’assassinat n’est pas un accident, le paroxysme de la colère, la mauvaise pensée d’un moment ; mais une habitude, une profession.

C’est assez vous dire à quels termes nous réduisons la cause. Il y a dans l’accusation un vol, commis la nuit par deux personnes, il y a des faux nombreux, en écriture authentique, en écritures de commerce, en écriture privée. Tout cela serait grave partout ailleurs ; ici, ce n’est rien, absolument rien nous n’en parlerons pas. Nous nous bornerons à recueillir le sang versé, et en son nom, au nom de l’humanité, nous viendrons demander réparation.

Nous voici donc, sans plus tarder, le dimanche 14 décembre 1834, rue Saint-Martin, au passage du Cheval-Rouge.

Là, messieurs, habitait avec sa mère un homme sur lequel son horrible fin nous commande le silence : François Chardon. Détenu deux ans à Poissy, il y avait connu Lacenaire et Avril ; connaissance fatale qu’il devait payer de sa vie.

Lacenaire sortit de Poissy en août 1834, Avril le 25 no-