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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/312

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Je m’arrête !… car je n’oublie pas qu’il y a là deux malheureux sur la tête desquels ces aveux pèsent d’un horrible poids ; et moi, dont la mission est de défendre et de protéger, je ne dois pas ici m’ériger en accusateur.

Mais un mot m’a frappé.

Un témoin, qui connaît le cœur humain, a dit à cette audience : « J’ai foi dans la parole d’honneur de Lacenaire. »

L’honneur de Lacenaire !

Je pourrais peut-être, messieurs, chercher, comme tant d’autres, à effrayer vos consciences en vous représentant la peine de mort comme illégitime, barbare et toujours inutile ; je pourrais vous lire les pages nerveuses des auteurs et des philosophes qui l’ont savamment combattue, et peut-être vos cœurs saisiraient-ils avidement mes paroles ; mais c’est à votre raison que je m’adresse, et non pas à votre sensibilité.

Il ne m’est pas permis, d’ailleurs, de faire ici le procès à la loi. Peut-être n’est-il pas encore temps de la rayer de nos codes, car il est des âmes sur lesquelles elle peut exercer une salutaire influence.

De sages législateurs, tout en conservant cette terrible pénalité, s’en sont rapportés à vous sur l’application ; ils ont mis entre vos mains un puissant moyen de la faire rejeter et de la proscrire, et ont tous manifesté le vœu qu’il fût fait un usage bien rare de cette dernière et cruelle extrémité.

Eh bien ! après avoir envisagé les malheurs cruels et la terrible réalité qui ont toujours poursuivi Lacenaire, après avoir pesé ce que son caractère a de prodigieux