Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/37

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sant de bonne amitié, Lacenaire conduisit insensiblement son convive au milieu d’un petit bois. Arrivé au plus épais du taillis, il tira de sa poche deux petits pistolets. Le promeneur pâlit, et fixa sur son compagnon un regard inquiet.

— Monsieur, lui dit alors Lacenaire, vous vous êtes conduit comme un lâche envers moi ! Vous avez abusé d’un secret que vous n’avez pénétré qu’en commettant un abus de confiance. Vous avez voulu me perdre, moi qui n’ai eu que de bons procédés à votre égard, vous allez m’en rendre raison.

Et il présenta l’un des deux pistolets à son adversaire tremblant.

Le Suisse voulut se justifier et balbutia quelques excuses.

— N’ajoutez pas un mot à votre perfidie, monsieur, je sais tout, et je vais vous raconter dans les moindres détails votre méchante action.

Et il le fit de façon à prouver au coupable qu’il était au courant de tout.

— Je vous supplie de m’excuser, monsieur Lacenaire, s’écria le dénonciateur pris au piège, je ferai tout ce qu’il faudra pour arranger cette affaire. Croyez bien que si j’ai si mal agi envers vous, c’est par faiblesse et non par méchanceté. J’y ai été poussé par le maitre de l’hôtel, qui est un gueux !

Ces derniers mots, en faisant voir à Lacenaire que l’hôtelier était décidément au courant de ses méfaits, achevèrent de l’exaspérer.

— Défendez-vous, dit-il au suppliant, je ne veux plus