Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/48

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faim, et, dès ce moment, je devins voleur et assassin d’intention. »

Il paraît qu’à Vérone, en s’emparant de l’unique pistolet chargé, et en laissant à son adversaire le droit de choisir l’autre, il n’avait pas eu la pensée d’assassiner le Génevois. Quel aplomb !

« C’est à cette époque, » continue Lacenaire, « que commença mon duel avec la société, duel interrompu quelquefois par ma propre volonté, et que la nècessitté m’a forcé de reprendre en dernier lieu. Je me résolus à devenir le fléau de la société, mais seul je ne pouvais rien. Il me fallait des associés… Où en prendre ?… J’avais ignoré longtemps ce que c’est qu’un voleur de profession, mais enfin, je venais de lire les Mémoires de Vidocq, je m’étais formé une idée de ce qu’était cette classe en continuel état d’hostilité contre la société (encore ?). — C’est là, me dis-je, qu’il faut aller chercher des bras qui puissent me seconder. Je passais ainsi le Rubicon. Il ne s’agissait pour cela que de commettre un vol de peu d’importance. »

Et ce fut bientôt fait !


CHAPITRE VIII.

Le cabriolet. ― Le dépôt de la Préfecture. ― Premières leçons d’argot.


Il alla louer un jour un cabriolet dans une remise située au faubourg Saint-Denis, et se fit conduire rue