Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/89

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— Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je le pense ; — je suis las de la vie misérable que nous menons, et j’en ai assez comme ça de la prison. Je connais une affaire qui peut faire la fortune de deux personnes. Si vous voulez me seconder, je vous l’indiquerai et nous la ferons ensemble.

— Je ne puis pas l’accepter avant de la connaître, répondit Lacenaire ; expliquez-la-moi, nous verrons après.

— Mais si, après m’être découvert et vous avoir mis au courant de la chose, vous me lâcher vous, à votre tour ?…

— Oh ! si vous croyez cela, ne me dites rien alors… Du reste, je ne vous demande pas votre secret, moi. Seulement, si vous vous ouvrez entièrement à moi, et que la chose ne me convienne pas, vous pouvez dormir tranquille sur ma discrétion.

— Eh bien, je me fie à vous ; voiià ce que c’est :

Je connais un homme qui vient tous les soirs dans une maison de jeu. Il porte toujours sur lui au moins cent mille francs. Je sais où il demeure, le chemin qu’il prend pour rentrer chez lui, l’heure habituelle à laquelle il sort du jeu. C’est toujours entre onze heures et minuit. Il serait facile de se poster sur sa route, d’employer la violence et de le dévaliser.

— Diable ! fit Lacenaire, cela vaut effectivement la peine qu’on s’en occupe !… Mais comment se fait-il que, depuis si peu de jours que vous êtes sorti de Poissy, vous ayez pu vous mettre, de vous-même, à la piste de cette affaire ?

— Je la connaissais avant que d’y entrer.