Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/91

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— Comme nous ne voulons pas le buter (le tuer), il pourra tôt ou tard nous reconnaître sur le moindre mot indiscret de B…, qui mettra alors la police à nos trousses.

— C’est vrai, aussi j’irai chercher B. aujourd’hui même.

— Comme vous voudrez… Cependant, en réfléchissant bien, il eût été bien plus naturel et bien plus logique de tuer M. l’Avocat. Ni vous ni moi, nous ne voulons rester en prison, n’est-ce pas ? encore moins aller aux galères ?…

Un tiers survint en ce moment et coupa la couversation à cet endroit intéressant. Les deux associés se quittèrent sans avoir pu la reprendre, et, comme il était convenu qu’ils se retrouveraient le lendemain, Lacenaire alla au rendez-vous convenu. Il y trouva B…, qui y était venu avant lui. Cette circonstance le contraria beaucoup, car il avait espéré finir l’affaire sans ce tiers importun et sans avoir à le redouter, ainsi qu’il l’avait expliqué à R… L’intervention intempestive de B… dérangea tout son plan. Cependant, il dissimula son désappointement.

B… lui répéta mot pour mot ce que R… avait dit la veille, et offrit, pour lui ôter toute espèce de doute, de le mener voir la personne qui jouait ce soir-là. On y alla. Dans une des maisons de jeu du Palais-Royal, Lacenai revit l’homme, et sortit avec ses deux autres acolytes, avec l’intention de revenir pour le voir partir, car il était bien aise de prendre connaissance de l’itinéraire du joueur et de la position des lieux.