Page:Lacerte - Aux douze coups de minuit suivi d'autres contes, 1932.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
Le Batteur de Bans

mais il ne le put : le froid avait tellement engourdi ses jambes et ses pieds qu’ils ne pouvaient plus soutenir le poids de son corps. Cet engourdissement sembla gagner tout à coup ses bras et ses mains, puis il sentit son cœur se refroidir soudain, comme s’il eut été étreint par une main glacée.

Alors, le vieillard s’endormit, sans doute, car il rêva…

Il rêva que l’enfant au visage d’ange avait quitté la carriole et qu’elle s’en allait sur la route en jetant une grande quantité de fleurs sur ses pas. Sur les bancs de neige, qui allaient toujours s’accumulant, l’enfant répandait des roses, des lys, des muguets, des violettes, des chrysanthèmes, des marguerites, des myosotis, des jasmins et des pavots, puis elle fit signe au batteur de bans de la suivre.

Sur ce chemin parsemé de fleurs, et qui allait toujours montant, le vieillard marcha longtemps, suivant toujours l’enfant, qui