Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/111

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ont été aperçus pour la dernière fois, s’enfonçant sous bois, à deux milles à peu près de Smith’s Grove… puis, tous deux ont disparu… aussi complètement que si le sol se fut entr’ouvert pour les engloutir. »

Éliane en était là dans sa lecture, quand on vint annoncer le dîner… Ainsi, le Docteur Stone avait disparu !… Ce n’avait pas été une vaine menace que celle de Castello, l’autre jour ; n’avait-il pas dit : « Qui sait ?… Peut-être le Docteur Stone erre-t-il, égaré, dans la partie inhabitée de la caverne, en ce moment, mourant de faim et de soif. » O ciel !… Mais, alors, la jeune fille se dit qu’elle ne pouvait quitter la caverne sans s’être assurée du sort du médecin, de son ami, qui avait risqué sa vie pour essayer de la secourir… Avait-il été assassiné par Goliath et Samson ?… Ou bien, serait-il, en effet, dans cette autre partie de la caverne, mourant de faim et de soif ?… Non, décidément, Éliane se dit qu’elle devait retourner à la caverne, afin de s’assurer du sort de son ami… Comment s’y prendrait-elle, et comment le sauverait-elle, s’il était en danger ?… N’était-elle pas, elle-même, prisonnière et gardée de vue, jour et nuit ?… Qu’importe ! Elle ne savait comment elle s’y prendrait pour secourir le Docteur Stone ; mais, elle aussi, saurait risquer sa vie, s’il le fallait, pour celui qui avait risqué la sienne pour elle…

« Si je sollicite la protection de M. Mirville et M. Andréa, » se disait Éliane, « ils me la donneront, je le sais… Si je le désire, je ne retournerai plus à la caverne ; je n’ai qu’un mot d’explication à donner à nos hôtes pour qu’ils me protègent… Certes, la tentation est grande… si grande, mon Dieu !… Mais, en me sauvant moi-même, je condamne le Docteur Stone… Je ne pourrais retrouver les entrées à la caverne, ni de la partie habitée, ni de la partie inhabitée… Non, je ne puis l’abandonner ainsi ; il faut que je retourne en cet enfer !… Je n’aurai jamais pareille chance de quitter la caverne ; mais je ne puis en profiter… Il faut que je le sauve, si je le puis, il le faut ! »

« Eh ! bien, Mlle Lecour, voilà trois fois que je vous offre