Le lendemain, au déjeuner, Castello seul attendait Éliane dans la salle à manger.
« Lucia est souffrante, ce matin, Mlle Lecour, » dit Castello, un pli soucieux au front. « Elle a dû prendre froid hier… J’espère que ce n’est rien de grave. »
— « Je le regrette, » répondit Éliane. « Si je puis lui être utile… J’ai quelqu’expérience en ce qui concerne le soin des malades ; ma mère a été souffrante pendant plusieurs années et… »
— « Merci, Mlle Lecour, » dit Castello. « Ce ne sera rien de sérieux, je sais et Lucia pourra prendre place à table avec nous ce soir probablement, peut-être même pour le lunch… Vous n’êtes pas trop fatiguée de votre excursion d’hier ? »
— « Oh ! pas du tout ! » s’écria Éliane : « mais je regrette que nous n’ayons pu nous rendre à Bowling Green. J’aurais aimé voir votre demeure. »
— « Vous la verrez bientôt, Mlle Éliane, » dit Castello, en souriant. « Ainsi que je le disais à Messieurs Mirville et Andréa, je me propose de me fixer sous peu à Bowling Green. « Vous ne regretterez pas trop la caverne, Mlle Lecour ? »
— « Je ne sais… » répondit Éliane, en haussant les épaules. « On s’y fait à cette existence et, du moment qu’il m’est permis de respirer l’air du dehors quelquefois, j’aime autant vivre ici qu’ailleurs. »
« Et que Dieu me pardonne ce mensonge ! » se disait la jeune fille in petto.
Castello jeta sur Éliane un regard chargé de soupçons. Cette jeune fille essayait-elle de le tromper, lui, Castello ?…
« Je suis content de ce que vous venez de me dire, Mlle Lecour, » dit Castello, « car, quoique nous devions bientôt quitter définitivement cette caverne… »
— « Bientôt ! » s’écria Éliane, dont le cœur battit bien fort appréhension… Si l’on abandonnait la caverne, que deviendrait le Docteur Stone ?…
— « Bientôt ?… Oh ! pas avant mon retour, dans tous les cas. »