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pauvres malheureux pourraient se restaurer un peu… Oui… mais, de l’eau ?… Ils se mouraient de soif autant que de faim… Et puis, demain ?… Après demain ?… Et pendant des semaines et des semaines peut-être ?… L’occasion ne se présenterait plus de les secourir… Et alors ?…

Soudain, Éliane se rappela la pierre à bascule de la bibliothèque… Cette cachette qu’elle avait découverte et qu’elle était seule à connaître… si elle pouvait y conduire le Docteur Stone et son nègre… Il est vrai qu’ils seraient encore prisonniers… C’était tomber de Charybde en Scylla ; mais, au moins, ils ne seraient pas condamnés à mourir de faim et de soif, car elle trouverait bien le moyen de pourvoir à leur nourriture… Oui, les conduire à cette cachette, c’est ce qu’il restait à faire… Cela semblait bien être un moyen désespéré ; mais c’était le seul qui se présentait à l’esprit d’Éliane ; c’était effectivement le seul qui pourrait les préserver d’une mort immédiate.

Il fallait se hâter !…

Saisissant une feuille de papier, Éliane écrivit au Docteur Stone le résultat de ses réflexions, elle termina sa lettre par ces mots :

    « Soyez prêt à franchir le mur, au moment où vous m’entendrez jouer, sur le piano, les premières mesures de la sonate de Beethoven. »

Ce billet, elle l’attacha à la ficelle, que Bamboula n’avait cessé de tenir dans ses mains, et, bien vite, celui-ci eut ramené à lui la précieuse missive qui y était attachée.

Éliane s’occupa alors d’entasser au pied du mur servant de piédestal à l’Ange de la Caverne, tous les coussins et tapis qu’elle put trouver dans les salons et elle y ajouta les oreillers de son propre lit. Le mur n’était pas très-haut. En se suspendant par les mains, le saut ne serait pas dangereux.

Quand tout fut prêt, Éliane se mit au piano et commença à jouer. Presqu’aussitôt, le Docteur Stone apparut au sommet du piédestal de l’Ange de la Caverne. Il sourit à Éliane, puis il jeta les yeux sur le sol et aperçut les coussins, tapis et