« Ah ! oui, » dit le Docteur Stone. « Mlle Daphné est en bonne santé ? »
— « Très-bien, merci. Elle nous aurait accompagnés ici, si sa mère eut pu être de la partie. »
Éliane sentit qu’elle détestait cette Daphné !
« Il y a du nouveau à Bowling Green, Docteur Stone, » reprit Mme Reeves-Harris… « Vous savez, cette maison, cette sorte de castel que M. Symson avait commencé à construire ?… Eh ! bien, elle a été achetée, et achevée par deux messieurs — millionnaires, dit-on — Messieurs Mirville et Andréa. »
Éliane s’approcha de la cloison pour mieux entendre.
« Oui ? » dit le Docteur Stone, d’un air assez indifférent.
— « Ces nouveaux arrivés, » continua Mme Reeves-Harris, « nous consolent un peu du départ du Comte Anselmo del Vecchio-Castello. Vous avez rencontré le Comte del Vecchio-Castello chez moi ; vous vous souvenez, Docteur ? »
— « Oui, je m’en souviens, » répondit le Docteur Stone.
— « Eh ! bien, il est parti pour son pays, l’Italie, pour un temps indéfini, m’a-t-il dit, et la société Smith’s Grovienne et Bowling Greenéenne se console difficilement du départ de cet homme charmant, je vous l’assure ! »
— « Ah ! oui, » répondit le Docteur Stone d’un ton sarcastique, que Mme Reeves-Harris ne perçut certainement pas, mais qui fit sourire Éliane, de l’autre côté de la cloison.
— « Oui, » Mme Reeves-Harris, « charmant et éminemment distingué ce cher Comte ! »
— « Avec quelque chose de faux et de sinistre dans le regard, cependant, » dit, ici, M. Reeves-Harris.
— « Mon cher Andrew, » dit Mme Reeves-Harris, à son époux, « ne parle donc pas de ce que tu ne comprends pas… Le Comte Anselmo del Vecchio-Castello… »
— « C’est bon ! C’est bon, ma chère Emma, n’en parlons plus… Tu as ton opinion sur le « noble Comte » et moi, j’ai bien le droit d’avoir aussi la mienne… »
— « Y a-t-il longtemps que vous êtes allé à Bowling Green, Docteur ? interrompit Mme Reeves-Harris.