Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/173

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— « Mort !… Pauvre Courcel ! » s’écria Sylvio Desroches, de gros sanglots le secouant. « Mais, il y a son nom qui a été déshonoré ; il y a sa femme — ta seconde mère, Tanguay — et sa fille… »

— « Plus tard, vous irez en France, » dit Tanguay. « Quant à Mme Courcel et sa fille, elles ont pu être tracées jusqu’à cet État du Kentucky… Moi, voyez-vous, père, aussitôt que j’ai pu comprendre et étudier le procès d’Yves Courcel, je n’ai pas, un seul instant, cru à sa culpabilité… J’ai voulu retrouver Mme Courcel, qui avait été, jadis, une vraie mère pour moi… J’ai voulu retrouvé sa fille, qui avait été ma chère petite compagne de jeu, autrefois… On les a tracées, toutes deux, jusqu’à Louisville, dans cet État du Kentucky ; là, on a perdu leurs traces, malheureusement. »

— « Pauvre pauvre Courcel ! » ne cessait de murmurer Sylvio.

— « Père, » demanda Tanguay, « pouvez-vous vous souvenir de ce qui s’est passé en cette nuit de votre disparition, après que vous eûtes quitté la maison de votre ami Yves Courcel ? »

— « Je me souviens… un peu… » répondit Sylvio Desroches. « Je me souviens que, à peine me suis-je vu seul dans la rue, il me revint à la mémoire certaines paroles qui avaient été dites au « Club des Bons Vivants » ce soir-là, par le Comte d’Oural : « Mon pauvre Desroches, » s’était-il écrié, « permettez-moi de vous dire que vous faites une sottise, de vous promener dans la ville ainsi, la nuit, avec tant d’argent sur vous… C’est risquer sa vie… Des gens ont été assassinés déjà pour infiniment moins qu’un quart de million. » Je n’avais plus sur moi les 250,000 francs, il est vrai ; mais, qui le savait ?… Je crus, tout à coup que quelqu’un me suivait… Je hâtai le pas, en jetant, à chaque instant, les yeux pardessus mon épaule… J’étais bien fatigué, tu sais, Tanguay… J’étais même un peu malade : des bourdonnements dans la tête et de légères attaques de vertige… Courcel — pauvre Courcel ! — m’avait dit, ce soir-là que je travaillais trop ; que ça me joue-