Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/174

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rait quelque mauvais tour… Eh ! bien, toujours me croyant poursuivi, je dus marcher toute la nuit… »

— « Pauvre père ! » murmura Tanguay.

— « Je m’arrêtai, au petit jour, près d’une gare, ” continua Sylvio Desroches. « Un train était en partance… Me croyant toujours poursuivi je sautai sur le train en marche — j’avais quelques milliers de francs sur moi — . Quand je descendis du train, je m’aperçus que j’étais rendu à un port de mer. Un paquebot allait partir… Il fallait fuir, fuir ces gens qui me poursuivaient sans cesse pour m’assassiner… Je pris passage sur le paquebot… puis… je ne me souviens plus de rien… J’ai dû être malade, bien malade et malade longtemps, très-longtems… pendant des semaines, des mois peut-être…

Quand je revins à moi, j’étais dans une caverne et je compris bientôt que j’étais tombé entre les mains d’une horde de bandits. On m’avait enlevé le reste de mon argent et ma montre… Quand je demandai des explications, on haussa les épaules et l’on me dit — je crois que c’est Castello qui me répondit — :

« Monsieur, c’est par méprise que vous avez été enfermé ici… Il ne vous sera fait aucun mal… Mais, comme vous connaissez notre retraite et que vous pourriez être tenté de nous trahir, vous ne sortirez jamais d’ici… vivant. »

Et c’est tout, Tanguay, mon fils. Si Dieu n’avait envoyé dans la caverne un ange ayant nom Éliane, je serais encore dans cette habitation souterraine ; je n’en serais jamais sorti… Que Dieu bénisse L’Ange de la caverne !… Je l’aime comme si elle était ma fille… et j’espère qu’elle le sera un jour. Tanguay ; j’ai vite découvert ton secret… et le sien… »

— « Ne parlez pas ainsi, je vous en prie, mon père ! » s’écria Tanguay. « Je ne suis pas digne de devenir l’époux de cette exquise enfant d’ailleurs… O Éliane ! »

— « Nul homme n’est digne de cet Ange, Tanguay, » répondit Sylvio Desroches.

— « Allons-nous conserver nos noms d’emprunt ? » demanda Tanguay à son père.