Éliane se jeta dans les bras qui lui étaient tendus et, à son tour, elle s’écria :
« Ô mon père ? !… C’est donc parceque vous êtes mon père que je vous ai aimé, en vous apercevant pour la première fois ? »
— « La voix du sang, ma bien-aimée ; c’était la voix du sang ! »
— « Mais, père, comment se fait-il ?… »
— « Écoute, ma chérie ; je vais tout te raconter… »
Et Yves Courcel raconta à Éliane tout ce qui s’était passé, jadis : son amitié pour Sylvio Desroches, la disparition de celui-ci, son arrestation à lui, Courcel, sa condamnation au pénitencier à perpétuité. Il raconta aussi son évasion de Cayenne avec Andréa… Il raconta tout…
« Éliane, » dit-il ensuite, « c’est à toi de décider… Crois-tu en mon innocence ?… Dis, mon enfant, y crois-tu ? »
— « Si j’y crois, père !… J’y ai toujours cru, mon père chéri ! »
— « Merci, ma bien-aimée !… Ah ! tes paroles me font du bien, Éliane, tant tant de bien ! ! »
— « Et M. Andréa, père ? »
— « Andréa, Éliane, je n’ai jamais su pourquoi il était au pénitencier… Mais, je n’ai pas besoin de te dire… »
— « Que m’importe, père ! M. Andréa est l’homme le plus noble, le plus honnête, le meilleur.
— « Oui, ma fille, et tu l’aimeras comme par le passé, je sais… Mais le Docteur Stone, Éliane ?… Dois-je le mettre au courant ?… Dois-je lui dire ? »
— « Il faut tout lui dire, assurément ! »
— « Et, s’il… hésitait ensuite, à épouser la fille d’Yves Courcel ? »
Éliane sourit.
— « Je ne crains rien ; il m’aime tant !… Et il vous honore et respecte trop pour douter un instant de vous, mon père… Samedi, vous lui direz tout, n’est-ce pas ?… Le plus tôt sera le mieux. »