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— « Messieurs, » répondit gravement le spécialiste, « je ferai de mon mieux… Dieu fera le reste ! »

Puis, accompagné du Docteur Widelands, il se dirigea vers la chambre d’Éliane.

Yves, Andréa, Tanguay et Sylvio, restés à la bibliothèque, passèrent bientôt par toutes les angoisses. Ils essayaient de fumer ; ils ne le pouvaient pas… leurs cigares s’éteignaient et tombaient de leurs doigts. Tour à tour, ils se levaient et faisaient quelques pas, puis ils retombaient sur leurs sièges. Cette attente… ils ne devaient jamais l’oublier…

Tout à coup, Tanguay se dirigea vers la porte de la bibliothèque ; aussitôt, Sylvio se leva et posa la main sur l’épaule de son fils, lui demandant :

— « Où vas-tu, Tanguay, mon fils ? »

— « Je… Je… » balbutia Tanguay, les lèvres tremblantes, « Éliane… »

— « Tanguay, » dit Sylvio, « tous, nous sommes dévorés d’anxiété et d’inquiétude… Quelqu’un souffre tout autant que toi, en ce moment… vois, plutôt ! »

Du doigt, Sylvio Desroches désigna Yves Courcel, Yves Courcel qui était saisi d’un tremblement nerveux et dont le visage était tout bouleversé par la douleur.

Tanguay reprit son siège et le silence régna, de nouveau dans la pièce… Mais, soudain, Andréa, qui, malgré son immense bonté, sa générosité et son parfait désintéressement, n’avait, depuis l’enfance, dit un seul mot de prière, Andréa, levant sa tête, qu’il avait appuyée sur ses bras repliée, s’écria :

« Mon Dieu, sauvez notre Éliane, notre enfant ; vous seul le pouvez !  ! »

Et, encore une fois, tout devint silencieux.

Enfin, quelqu’un ouvre doucement la porte de la bibliothèque : c’est Mme Duponth. Elle aussi, la brave femme est pâle et inquiète. En apercevant Mme Duponth, les quatre hommes se levèrent et coururent vers elle.

— « Éliane ? » demandèrent-ils. « Avez-vous des nouvelles ? » — « Oui, Messieurs, » répondit Mme Duponth. « L’opération a très bien réussi… Mlle Éliane dort paisiblement. »