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L’ANGE DE LA CAVERNE

veilla. Mais il n’y eut pas d’alerte.

La Providence veillait, évidemment, sur ces pauvres malheureux durant cette première nuit qu’ils passèrent dans les marais de la Guyane Française !


CHAPITRE VII

TRISTAN


Il faisait petit jour quand 602 s’éveilla. Cette journée — la première qu’ils allaient passer en liberté — si l’on peut appeler liberté un cheminement au milieu de dangers presqu’insurmontables cependant — commençait bien, car le firmament était sans nuage.

« 818, » dit 602, « nous allons rencontrer des dangers à chaque pas dans ces terribles marais ; donc, la première chose à faire, c’est de nous fabriquer des armes. »

— « Des armes ! » répondit 818. « Des armes ! Et avec quoi ? »

— « D’abord nous avons le couteau… Vous n’avez pas oubliée de l’emporter, sûrement ! » s’écria 602, pris d’une grande inquiétude et d’une affreuse crainte, tout à coup… Ce couteau, il y comptait tant !

— « Le voici, » répondit 818, en produisant un couteau rouillé et très-ébréché, mais qui paraissait solide tout de même.

602 prit le couteau et commença à l’aiguiser sur le rocher. 818 regardait 602 et il se demandait ce qu’il serait bien devenu s’il avait essayé de s’évader seul… Cet homme, 602, avait dû connaître la vie aventureuse ; il semblait avoir des plans plein la tête, et sans doute, s’ils sortaient tous deux des marais de la Guyane Française, ce serait grâce à l’ingéniosité de 602.

« Voyez-vous, 818, » commença 602…

Mais 818 l’interrompit :

« Écoutez, camarade, » dit-il, « nous allons, dès maintenant, si vous le voulez bien, cesser de nous appeler 818 et