Une cabane de pêcheur, abandonnée et bien délabrée, leur servirait de gîte pour les quelques heures qu’ils passeraient sur la rive nord du rio. Yves et Andréa, suivis de Tristan, pénétrèrent dans la cabane, dont ils fermèrent la porte. Ils mangèrent, puis, s’étendant sur les peaux de jaguars, ils s’endormirent…
Il y avait près de deux mois qu’ils passaient la nuit à la belle étoile, au milieu de dangers sans nombre… Dans cette cabane de pêcheurs ces pauvres malheureux !… au seul Tristan qui, lui aussi, sans doute, était content d’être à l’abri enfin. Quelle nuit paisible ils passèrent dans cette cabane de pêcheur ces pauvres malheureux !…
Il était près de midi, le lendemain, quand ils s’éveillèrent, bien reposés et presque heureux. Tout en déjeunant, Yves demanda à Andréa quand et comment ils traverseraient le rio.
« Pas avant demain soir, Mirville » répondit Andréa. « Comment nous traverserons le rio ?… Je ne sais encore ; mais nous trouverons un moyen, j’en suis sûr. Comme vous, il me tarde de mettre le pied sur le sol brésilien ; mais auparavant, il y a des précautions à prendre… Nos habits… Nous portons la livrée des forçats de Cayenne ; cette livrée, tout le monde la connaît et… »
— « Mais, alors, qu’allons-nous faire ? » s’écria Yves.
— « Voici, » dit Andréa. « Je connais une plante dont le fruit produit une véritable teinture. J’ai vu de ces fruits non loin d’ici et je me charge de teindre nos habits, qui sécheront très-vite au soleil ensuite… Puis… »
— « En attendant, nous devons nous considérer chanceux d’avoir découvert cette cabane de pêcheur. »
« Oui. Et nous y sommes en sûreté. De plus… Oh ! voyez donc, Mirville ! » et du doigt, Andréa désigna un pan de la cabane.
— « Qu’est-ce ? » demanda Yves.
Andréa se leva, puis il revint, portant dans sa main une ligne de pêcheur.