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L’ANGE DE LA CAVERNE

« Une ligne de pêcheur ! » s’écria Yves. « Voilà certainement une grande découverte ! »

— « Certes, oui ! » répondit Andréa ! « Nous allons pouvoir varier notre menu un brin. C’est une vraie aubaine que cette ligne !… Tandis que je cueillerai des fruits pour la teinture de nos habits, vous, Mirville, faites la pêche dans le rio… Du poisson frais pour le souper, » ajouta-t-il, en riant, « ce ne sera pas à dédaigner. »

Andréa partit cueillir les fruits. Pendant ce temps, Yves, accompagné de Tristan, se rendit sur les bords du rio et se mit à faire la pêche. La chance le favorisa et bientôt, une dizaine de poissons s’entassaient près de lui. Il y en avait assez pour le souper ce soir-là et aussi pour le déjeuner du lendemain.

Andréa n’étant pas encore arrivé, Yves prépara le poisson tout prêt pour la cuisson, puis, chargé de sa pêche, il entra dans la cabane où Andréa le rejoignit bientôt, apportant, dans une vieille marmite qu’il avait trouvée dans la cabane, les fruits dont le jus allait teindre leurs habits.

Dans le rude foyer de la cabane, Andréa entassa du bois auquel il mit le feu ; la cheminée tirait admirablement et tout irait bien de ce côté. Sur le feu il déposa la marmite et bientôt, des fruits pressés sortit un jus de couleur foncée. Dans ce jus, Andréa jeta leurs habits, morceau par morceau, les laissant tremper au-dessus du feu pendant une demie-heure à peu près. Quand tout fut fini, on n’aurait plus reconnu la livrée des forçats de Cayenne. Andréa ensuite tendit le câble, qu’il avait toujours porté enroulé autour de sa ceinture et y suspendit les habits afin de les faire sécher rapidement.

Pendant ce temps, Yves préparait le souper et une bonne odeur de poisson frit se répandait déjà dans la cabane. Tristan, couché non loin d’Yves, reniflait l’air et se pourléchait les lèvres d’avance.

Après le souper, Yves et Andréa causèrent ensemble, faisant des projets d’avenir.

« Ah ! que ne donnerais-je pour une bonne pipe de tabac ! » s’écria Andréa, tout à coup.