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L’ANGE DE LA CAVERNE

— « Et moi, que ne donnerais-je pour un bon cigare ! » s’écria Yves, à son tour. « Ce n’est pas de sitôt que nous pourrons nous payer le luxe de fumer, cependant, Andréa ; nous n’avons pas d’argent et nous… »

— « Nous trouverons le moyen de faire de l’argent et de nous payer bien des choses, quand nous aborderons la rive sud du rio Oyapok, Mirville, vous verrez ! »

— « Mais, il faut le traverser ce rio, Andréa ! »

— « Nous le traverserons, Mirville ! »

Ce n’est que vers midi, le lendemain, que les habits furent assez secs pour être endossés. Maintenant, il s’agissait de trouver le moyen de traverser le rio Oyapok. Ce rio n’est pas large, il est vrai, et on aurait pu facilement le traverser à la nage ; pour de bons nageurs, ce n’était qu’un jeu d’enfant. Mais cela ne faisait pas l’affaire de ces deux hommes. Nager tout habillé, ce n’est pas commode, puis, Andréa ne voulait abandonner ni les flèches, ni les arcs, ni les gaules ; encore moins les peaux de jaguars… Non, décidément, on ne pouvait traverser le rio à la nage !…

Yves et Andréa, debout sur les bords de l’Oyapok, se demandaient comment ils allaient procéder, quand, soudain, une partie du rivage — celle où ils se tenaient — se détacha de la terre ferme et se mit à flotter sur les eaux du rio. Vite, Andréa sauta à l’eau et tendit la main à Yves, puis, ayant, à l’aide d’une de leurs gaules, ramené l’îlot flottant, il dit :

« Voici notre embarcation, Mirville ! »

— « Quoi ! Cette motte de terre ! Cette touffe d’herbes ! »

— « Cette motte de terre, comme vous le dites, Mirville, cette touffe d’herbes est un îlot flottant, » répondit Andréa. « Il y a beaucoup de ces îlot flottant ici ; sur celui-ci, nous traverserons le rio. « Voyez, » ajouta-t-il, « cet îlot est solide, puisqu’il est charpenté avec des roches et des troncs d’arbres … Embarque ! Embarque !… Mais, auparavant, nous allons faire la pêche et nous essayerons de vendre notre poisson de l’autre côté. Allons ! »