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L’ANGE DE LA CAVERNE

où était la chambre qu’elle leur destinait. Cette chambre n’était pas grande ; mais elle était d’une extrême propreté. Yves et Andrea faillirent montrer leur émotion en apercevant le lit blanc, et qui devait être moelleux, au fond de la pièce… Ils allaient coucher dans un lit !… Ils s’étaient considéré heureux, la veille, de passer la nuit dans une cabane abandonnée, couchés sur des peaux de jaguars… Cette nuit, ils coucheraient dans un lit !  !

« Bonne nuit, messieurs, » dit l’aimable hôtesse. « Dormez bien. Je vous éveillerai a six heures, pour le déjeuner ; car votre journée commence à sept heures. »

— « Merci, madame, » répondit Yves. « J’espère que votre mari… monsieur… »

— « Duponth ; voilà notre nom, » dit, en souriant, la femme du passeur.

— « J’espère que M. Duponth passera une bonne nuit, » reprit Yves.

— « Merci, monsieur… Je vous ai donné la chambre de mon neveu. Vous êtes seuls sur ce palier ; vous pouvez causer ensemble tant qu’il vous plaira, sans craindre de déranger qui que ce soit… Encore une fois, bonne nuit ! »

— « Bonne nuit, madame, » dirent Yves et Andrea, en s’inclinant.

Tristan vint offrir sa patte à Mme Duponth, qui la prit en riant de grand cœur.

« Est-il gentil et bien élevé ce chien ! » s’écria-belle.

Puis Mme Duponth se retira et laissa les deux hommes ensemble.

Yves, fumant un cigare et Andrea fumant sa pipe, causèrent jusque vers les onze heures, puis ils éteignirent leur lumière et se couchèrent. À peine leurs têtes furent-elles posées sur leurs oreillers qu’ils dormaient, tous deux, d’un profond sommeil. Tristan, couché par terre, près du lit, faisait la garde, par habitude ; mais combien elle fut paisible cette nuit et toutes celles qu’ils passèrent dans cette hospitalière maison !

À six heures, le lendemain matin, Mme Duponth frappa