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Page:Lacerte - L'homme de la maison grise, 1933.djvu/177

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L’HOMME DE LA MAISON GRISE

de poser cette question.

— Après, Monsieur ?… Après ?… Tout est fini entre votre fille et moi.

— Vous pensez, M. Ducastel, vraiment ?

— Non seulement je le pense ; je le sais ! Vous aviez, vous, Mlle d’Azur, Patrice Broussailles, et votre domestique, formé un complot, simulé un sauvetage, afin de… de… de me forcer la main, pour ainsi dire…

— C’est entendu ! C’était un plan de M. Broussailles… un bon plan, en fin de compte, puisque vous vous y êtes laissé prendre, dit Richard d’Azur, avec un rire désagréable… Que voulez-vous, M. Ducastel… Ma fille s’était éprise de vous…

— Ah ! Taisez-vous ! s’écria Yvon. Je le répète, tout est fini entre Mlle d’Azuret moi et…

— Et vous pourrez, sans doute, me rembourser les dépenses que j’ai faites, en vue de demain ? demanda Richard d’Azur, avec un sourire sarcastique. Ces fleurs… qui m’ont coûté près de $10.000.00… Ces tapis, qui m’en ont coûté près de cinq mille… Le trousseau de ma fille… Votre passage en Europe.

— Comment ! Vous voulez dire que ?…

— Que je vous poursuivrai… oui, M. Ducastel… Je vous ferai un procès. J’exigerai le remboursement de tout cela.

— Ah ! Bah ! s’exclama le jeune homme en haussant les épaules et affectant une indifférence qu’il était loin de ressentir. Vous savez bien que je ne pourrais jamais vous payer !

— Non, hein ?… Eh ! bien, vous serez contraint de faire de deux choses l′une : ou bien vous épouserez ma fille, ou bien je vous poursuivrai devant la justice… Choisissez !

— Ma foi, M. d’Azur ! répliqua notre ami. Quelque chose me dit que vous n’êtes pas homme à rechercher des démêlés avec la justice… Je ne sais trop pourquoi je m’imagine cela : mais il en est ainsi.

— Que voulez-vous insinuer, par ces paroles, jeune homme ?

Yvon se contenta de hausser, encore une fois, les épaules.

— Dans tous les cas, dit-il seulement, vous avez trompé toute la ville avec votre prétendu sauvetage vous aurez donc tout W… contre vous… personne n’aime à passer pour trop naïf, trop crédule, voyez-vous.

— Vous y êtes donc décidé ; vous vous laisserez poursuivre, hein ? demanda le père de Luella.

— Faites de votre pire, M. d’Azur ! Moi, je refuse d’épouser votre fille. Quand ça ne serait que le fait de m’avoir trompé, je ne pourrais jamais estimer même Mlle d’Azur maintenant.

— Vous… Vous ne l’avez jamais aimée… Luella… murmura Richard d’Azur.

— Jamais, je l’avoue… C’est parce que je croyais lui devoir une dette de reconnaissance que je l’ai demandée en mariage.

— Vous êtes franc au moins ! s’exclama Richard d’Azur, pâle de colère.

— Mon Dieu, Monsieur, fit Yvon, je ne peux pas expliquer ce qu’il y a… mais quelque chose d’indéfinissable, de… de mystérieux presque, chez vous… chez votre fille surtout, m’ont toujours repoussé, en quelque sorte… Croyez-le, je regrette d’avoir à vous parler ainsi… J’ai essayé de réagir contre cette… excusez le mot, je vous prie… cette répulsion que j’ai souvent éprouvée pour Mlle d’Azur. Non, je ne l’ai jamais aimée… je n’ai jamais pu l’aimer.

Richard d’Azur devint blanc comme de la chaux.

— Ma fille… balbutia-t-il. C’est de ma fille que vous parlez ainsi, misérable ! cria-t-il ensuite en s’élançant sur Yvon, les poings fermés.

— Que voulez-vous ?

— Et vous croyez que vous allez simplement retourner à votre bureau, demain, comme si rien n’était ; que vous allez reprendre votre… métier d’inspecteur, tandis que ma fille deviendra l’objet des commentaires de tous les badauds de cette ville ?

— Oui, je le crois… Vous m’avez trompé, voyez-vous ! dit Yvon, en faisant mine de quitter le salon, où avait lieu cette conversation.

À la porte, cependant, il se croi-