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Page:Lacerte - L'homme de la maison grise, 1933.djvu/178

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L’HOMME DE LA MAISON GRISE

sa avec quelqu’un qui entrait : c’était Patrice Broussailles.

— Broussailles ! s’écria notre héros. Ah ! Misérable ! J’ai découvert votre complot… à temps… juste à temps…

— Oui, je sais… J’étais là, et j’ai tout entendu, répondit froidement Patrice Broussailles, en désignant le corridor. Pour parler comme M. d’Azur, ici présent, M. Ducastel, reprit-il effrontément, laissez-moi vous demander : « et puis, après » ?

— Je ne comprends pas quel intérêt vous pouviez bien avoir en mon mariage avec Mlle d’Azur, M. Broussailles, dit Yvon, en haussant les épaules.

— Un intérêt de dix mille dollars, mon cher M. Ducastel, payable, cette somme, en dedans d′un mois après le dit mariage.

— Dix mille dollars ! s’écrièrent, en même temps, Yvon et Richard d’Azur.

— Mais ! Sans doute ! Pensiez-vous, par hasard, M. d’Azur, que j’allais me donner tant de peine afin d’emmener le mariage de votre fille à celui sur lequel elle avait jeté son dévolu, pour… des prunes ? Pas si bête !

— Quel malheur que vos projets… dorés, soient à l’eau, hein ! dit Yvon en riant.

— À l′eau ?… Pas que je sache ! Le mariage se fera, demain matin, à dix heures, comme c’était arrangé ; sans quoi…

— Vous me faites rire !

— Riez, mon bon ; mais rira bien oui rira le dernier… Si vous n’épousez pas Mlle d’Azur, demain matin, ça ne prendra pas trois jours avant que vous vous voyez obligé de quitter W…

— Qui m’y obligera ? Vous, peut-être ? demanda Yvon d’un ton méprisant.

— Oui, moi… Ah ! Vous croyez que, une fois libre de vos engagements envers Mlle d’Azur, vous allez reprendre tranquillement votre position d’inspecteur de la houillère ?

— Sans doute que je le crois !

— C’est là que vous vous trompez alors ; d’ici trois jours au plus, vous serez déshonoré.

— Allons donc ! Je ne comprends rien à votre langage, mon bon M. Broussailles, fit Yvon avec un sourire dédaigneux.

— Non, hein ? Vous n’y comprenez rien, hein, M. l’ex-assistant-caissier de banque ? nargua Patrice Broussailles.

Yvon pâlit. Ex-assistant-caissier… Broussailles savait donc ?… Il avait eu connaissance, d’une matière ou d’une autre, de l’indiscrétion qu’il avait commise jadis, lui, Yvon ?… Mais… Ce secret… n’y avait-il pas seulement M. Jacques et le… le coupable qui le connaissait ?… Et comment Patrice Broussailles, l’ex-garçon-à-tout-faire, pourrait-il savoir ce qui s’était passé, dans une chambre bien close, entre l’ex-gérant de banque et son employé ?

— Ah ! Vous pâlissez, M. Ducastel s’écria Patrice Broussailles, délirant d’une joie méchante. Vous croyiez être seul, avec M. Jacques à connaître cette affaire… Ces dix neuf mille deux cents quarante-six dollars que vous aviez volés à la banque dont M. Jacques était le gérant…

— Comment… Comment avez-vous…

— Comment ai-je découvert le vol dans le temps ? fit Patrice Broussailles, gouailleur. C’est bien simple ; j’étais dans la chambre voisine de la vôtre, y attendant Rhantier, un ami à nous, vous et moi, le soir de votre entrevue avec M. Jacques… J’ai donc tout entendu… Oui. M. d’Azur, continua-t-il, en s’adressant à ce dernier, l’inspecteur de la houillère de W… M. Ducastel, dont… l’honnêteté est devenue presque proverbiale, ici, n’est qu’un voleur !

— Ce n’est pas vrai !

— Oh ! Oui, c’est vrai !… Vous savez bien, M. Ducastel, si vous n’aviez pas eu affaire à M. Jacques, un ancien ami de votre père, vous porteriez aujourd’hui l’insigne du voleur… Et maintenant, que choisissez-vous ? Épouser Mlle d’Azur, ou bien, vous trouver, avant que trois jours se soient écoulés, sans position et déshonoré aux yeux de tous ?

— Ô ciel ! Que faire ? murmura Yvon.

À ce moment, quelqu’un entra dans le salon, après avoir frappé à